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Instance collégiale du 3 décembre 2020 : Mettre fin à l’ingratitude de l’Etat pour ses serviteurs

Le mois de décembre est propice au bilan, celui de cette année n’a aucune chance de verser dans le panégyrique de l’action de l’Etat en faveur des directeurs d’hôpital.

Au contraire, voici un florilège de ce qu’ils ont pu endurer, au-delà de la crise sanitaire :

  • Des mouvements sociaux sans fin dans lesquels l’Etat a souvent cherché à échapper au « pouvoirs publics bashing » en s’appropriant le « directeur bashing » dans d’interminables groupes de travail manichéens sur la gouvernance fantasmée à l’hôpital alors même que le rapport Claris avait su rappeler les enjeux avec pragmatisme ;
  • Au final l’opacité totale sur le processus concernant les ordonnances d’application de « Ma santé 2022 » ;
  • Des travaux tronqués sur le texte délétère que constitue le décret « emplois supérieurs « et qui à ce jour encore va démontrer ses effets désastreux pour les carrières des directeurs ;
  • Une crise sociale rajoutée à la crise sanitaire avec des erreurs réitérées malgré les appels à la vigilance des directeurs :
    • Une prime COVID mal pensée, mal née, et déjà rendue caduque par une deuxième vague dont la précocité a en surpris plus d’un.
    • L’énorme et inacceptable lacune du CTI interdit à plusieurs milliers d’agents des filières médico-sociales
  • Une crise des filières de l’hôpital public avec un impact considérable des fermetures de blocs opératoires afin d’alimenter les services de réanimation, sans qu’il ait été possible de manière durable après la première vague de capitaliser sur les bonnes intentions du secteur privé ;
  • Une crise budgétaire durable, certes générée par l’épidémie mais pour laquelle l’Etat a cyniquement offert aux hospitaliers un PLFSS continuant sa longue litanie d’économies…finalement compensées ! Mais le mal est fait, les établissements publics sont exsangues et le résultat 2020 doit être effacé.
Faut-il ajouter les faux semblants du Ségur pour les cadres et directeurs ?
Le message est si clair que le Premier ministre lui-même leur a reconnus le statut « d’oubliés du Ségur »

En jouant ainsi avec nos forces vives, vous accélérez la désespérance de l’hôpital public et de ses dirigeants.

Au gré des injonctions contradictoires, nous avons continué, tenu avec pour remerciement un bien maigre soutien de nos tutelles et une volonté d’alignement en forme de démantèlement.

A l’instabilité systémique, s’ajouta enfin une désagrégation statutaire :

  • Décret emplois supérieurs qui invalide la notion de parcours et projette de nombreux collègues dans un « mercato » cannibale insupportable ;
  • Blocage du début de carrière avec le rétablissement du quota pour la promotion à la hors classe ;
  • Limitation drastique des compétences de la CAPN ;
  • Absence d’outils solides pour nourrir les ambitions du CNG pour l’accompagnement des directeurs
A l’heure du bilan, que dire de plus ?
Les errements de la proposition de loi rapportée par Stéphanie RIST sont venus parachever une année des plus chaotiques.
L’hypothèse d’une direction commune systématisée en cas de vacance d’une chefferie a fort heureusement été balayée par un amendement de suppression !
Mais il reste notamment le sujet de la judiciarisation de l’intérim et d’autres questionnements sur lesquels le SMPS a fait valoir une vision plus pragmatique pour les établissements et les directeurs dans ses différentes communications sur la proposition de loi.

L’Etat trouvera donc leurs représentants SMPS pour lui rappeler son devoir de s’occuper de ses serviteurs, lesquels n’ont pas démérité pour maintenir un hôpital au bord du gouffre ! Les initiatives de l’Etat font mal aux conditions d’exercice des directeurs d’hôpital, font mal à l’équilibre des établissements et nous ne l’acceptons plus.

Malgré tout, nous continuerons, au nom du collectif, et parce que cette crise ne saurait être un nouveau rendez-vous manqué pour les hospitaliers.