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Réforme de la haute fonction publique:l’amertume, la colère et le dépit.

Chères collègues, chers collègues,

Ce jeudi 13 juin devait se tenir un nouveau groupe de travail relatif à la transposition de la réforme de la haute fonction publique à la FPH. Celui-ci a été annulé en raison du contexte politique que notre pays traverse.

Nous assistons en effet depuis la dissolution de l’Assemblée nationale à une véritable paralysie de l’appareil d’État, en incapacité manifeste d’aller au bout d’une réforme dont le premier volet est pourtant quasi-achevé. Les textes concernant notamment le futur régime indiciaire devaient en effet passer prochainement en Conseil supérieur de la Fonction publique hospitalière. Ce ne sera finalement pas le cas, du moins pas avant les élections législatives. Cet arrêt brutal remet donc aux calendes grecques l’entrée en vigueur de ce pan majeur de la réforme, pourtant prévue à la rentrée 2024.

Le contexte politique n’explique pas tout. Il n’est qu’un énième prétexte pour suspendre le processus erratique de cette réforme pourtant indispensables.

Cette situation peut ainsi se résumer par trois sentiments : de l’amertume, de la colère et du dépit.

De l’amertume, d’abord, car cela fait désormais plus d’un an que nous sommes confrontés aux tergiversations et aux ergotages répétés vis-à-vis de nos métiers. Les multiples reports des groupes de travail portant sur les corps des DH, des D3S et des DS étaient ainsi autant d’indices des forces d’opposition à l’œuvre au niveau de l’État contre l’application de cette réforme à la FPH, et ce malgré le soutien marqué des Ministres en poste. Que de temps perdu !

De la colère ensuite, puisqu’à l’étonnement en constatant la méconnaissance de la réalités de nos métiers et de nos sujétions ont rapidement succédé le doute et l’exaspération face au mépris affiché et à la provocation dans les propositions qui ont pu être faites. Ce fut d’abord le cas pour les D3S, puis pour les DS et ça l’est aujourd’hui indubitablement pour les DH, et, in fine, pour tous les corps de direction !

Du dépit, enfin, et en particulier celui des collègues pour ce qui apparaît être désormais un rendez-vous manqué. Et comment pourrait-il en être autrement ? Pendant que les directeurs de la FPH affrontaient la crise sanitaire et ses conséquences, le sommet de l’État se taillait une réforme de son statut sur mesure. Or le costume ne nous siérait finalement pas si bien selon certains !

Pourtant peu de hauts fonctionnaires peuvent se targuer d’un engagement personnel et de responsabilités à la hauteur de ce qui est demandé pour les Directeurs de la FPH ; et le fait que peu d’entre eux au niveau de l’État envisagent un détachement au sein des établissements du service public hospitalier en est le meilleur témoignage. Le message envoyé à la veille d’un évènement mondial et historique où l’ensemble des professionnels de la FPH, Directeurs compris, seront mobilisés pour assurer la continuité des services est terrible.

Le SMPS fait donc le constat de cet échec dont nous annoncions les signes avant-coureurs depuis plusieurs mois, et ce malgré la qualité des échanges avec nos interlocuteurs tout au long du processus. Il convient d’ailleurs de faire la part des choses et de remercier ici l’ensemble des acteurs qui ont soutenu ces travaux jusqu’au plus haut niveau.

Mais nous restons extrêmement déçus que le défaut de confiance envers notre niveau d’engagement dans le portage des politiques publiques et au bénéfice des communautés de santé ait causé un allongement inutile des échanges et n’ait permis d’aboutir à la juste transposition d’un statut obtenus deux ans plus tôt par nos homologues de l’État.

Le SMPS et ses élus ne peuvent se résoudre à cette situation. Les enjeux pour nos métiers et pour les établissements dont nous avons la responsabilité sont trop grands. Nous continuerons à porter la voix de tous les Directeurs, DH, DS et D3S, pour une reprise rapide des travaux.

La transposition de la réforme de la Haute fonction publique doit donc aller jusqu’au bout, a fortiori en ce qui concerne les chantiers déjà achevés. Les directeurs de la FPH doivent être reconnus comme les hauts fonctionnaires qu’ils sont. Tout renoncement de la part des pouvoirs publics serait légitimement vécu comme une trahison.