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Instance collégiale DH du 16 mai 2024: La flamme n’est toujours pas allumée pour les directeurs et directrices d’hôpital !

Femmes peu visibles sur les postes à responsabilité, perspectives statutaires floues, peu de réjouissances pour les directeurs d’hôpital en ce printemps olympique dont la ferveur nous paraît bien lointaine, n’était le plein engagement des équipes (hospitalières !) à faire de cet événement centennal une réussite organisationnelle et sanitaire l’été prochain.

Commençons donc l’instance collégiale des DH de ce jour par un nombre : 20.

20, c’est le nombre de femmes qui ont postulé aux emplois fonctionnels et sur le seul emploi non-fonctionnel qui seront abordés aujourd’hui, soit 27% des 73 candidats au total, et ce malgré un corps composé à 52% de femmes.

Plus qu’une statistique, ce nombre montre encore le chemin qu’il reste à parcourir.

Le SMPS a eu l’occasion à de multiples reprises de saluer le vote en juillet 2023 de la loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique. C’était une mesure législative que nous soutenions depuis longtemps et qui ne fait pas l’impasse sur des objectifs ambitieux pour atteindre la parité sur les plus hautes fonctions de notre corps et participer à une plus grande diversité des profils.

Toutefois la loi ne résout pas tout. Le droit ne gère pas tout, et il ne peut pas transformer seul le réel. La structuration des modes de recrutement génère des biais de genre bien identifiés, la mobilité induit des phénomènes d’auto-censure souvent portés par les femmes qui veillent à ne pas opposer projets familiaux et projets professionnels, etc. Les révélations dans le cadre du « Metoo » hospitalier le démontre une fois de plus que les violences professionnelles accompagnent dangereusement la conquête de responsabilité et toute l’énergie des parties prenantes doit être tendu vers un seul objectif : que cela cesse !

Les effets d’une telle loi ne seront en effet visibles que par la mise en place d’un pilotage des carrières plus fin et plus largement de mesures valorisantes et sécurisantes pour les femmes, offrant à chaque collègue la possibilité d’un accompagnement individuel adapté à son parcours professionnel.

Or c’est justement là ce que nous attendons de nos tutelles : qu’elles agissent en conséquence par la mise en œuvre des mesures nécessaires à l’atteinte de tels objectifs. Il faut donc amplifier toutes les mesures utiles notamment par les constitutions de viviers mais aussi par l’amplification des signalements de situations difficiles ou à risque qui doit désormais infuser.

La poursuite il y a quelques semaines par le CNG des travaux pour établir une cartographie complète des emplois de DH fait ainsi partie de ces étapes nécessaires et nous leur apportons une fois encore notre soutien dans cette démarche.

Si nos attentes sont grandes, nous mesurons pleinement que les objectifs fixés par le CNG sont ambitieux. Celui-ci ne pourra y parvenir que par un soutien affirmé et constant dans le temps et dans les moyens de la part des pouvoirs publics, et nous appelons de nos vœux à ce qu’aux paroles succèdent désormais des actes forts.

En ce sens, la réforme attendue pour le corps des DH ne peut, ne doit pas faire l’impasse sur les outils de pilotage et d’accompagnement du corps dont doit bénéficier le CNG, parachevant un ancrage de la gestion du corps dans les mêmes niveaux d’attention que les administrateurs de l’Etat. Il y aurait en effet encore une fois une « fin de non reconnaissance » incompréhensible à ne pas considérer, à juste titre, la complexité et le singularité managériale de la fonction DH en ne dotant pas son administration de gestion des moyens adapté à sa réussite.
Le SMPS soutient donc l’identification de ces moyens nouveaux dans le cadre d’une réforme qui se fait attendre.

L’un des objectifs de pilotage est également la question de l’attractivité des emplois à responsabilité, qui se pose mois après mois avec toujours plus d’acuité.

L’instance collégiale de ce jour ne déroge ainsi pas aux deux règles qui commandent l’orientation de nombreuses candidatures : métropolisation et héliotropisme. Si nous soulignons ce point ce n’est pour discuter les choix de candidats qui souhaitent légitimement combiner hautes responsabilités, proximité familiale et/ou de meilleures conditions de vie, et bien souvent d’exercice. Mais on ne peut que constater qu’une fois ces facteurs mis de côté les postes de chefferie ou de DGA peinent toujours à convaincre au regard des responsabilités qui attendent les collègues à de telles fonctions.

Et pour cause !

Comment espérer raisonnablement attirer sur de tels postes au regard des défis permanents qui attendent les candidats pour assurer la permanence des soins ?

Comment sereinement occuper de tels emplois alors que la responsabilité financière des ordonnateurs agit depuis toujours comme une épée de Damoclès au quotidien ?

Comment parvenir à maintenir à flot des établissements exsangues, où l’exercice des missions de service public coûte aux équipes mais les a fait perdre le chemin de la quête de sens ?

Et enfin, comment peut-on dans un tel contexte encore s’étonner du nombre si réduit de candidats sur les chefferies quand, en retour, l’engagement à servir à de tels niveaux de responsabilités n’est pas valorisé à la hauteur de ce qu’il devrait être ?

De telles questions rappellent une fois encore à quel point les DH dans sa globalité font preuve d’un esprit de responsabilité et d’une hauteur de vue propres au service public hospitalier.

Elles contrastent d’autant plus avec l’appel à la grève des cliniques lancé par le secteur privé alors que les établissements publics ont accepté tant bien que mal pendant des années une augmentation des tarifs limitées.

Ce rappel incessant des responsabilités qui caractérisent notre métier est indispensable au cœur des travaux encore inaboutis hélas ! sur la transposition du statut des administrateurs de l’État aux DH et leur intégration dans la réforme de la haute fonction publique.

Le silence assourdissant qui entoure une succession de RIM dont les conclusions ne sont pas dévoilées ne peut s’éterniser sans laisser croire aux directeurs d’hôpital à une dernière tentative des opposants à la reconnaissance sans équivoque de leur immense responsabilité.

Qui peut encore douter de la place des directeurs d’hôpital au cœur de l’action publique, pour le portage de TOUTES les politiques publiques des plus contraignantes (l’ère des plans d’économies) aux plus salvatrices (3 ans de crise sanitaire à bout de bras) ?

Qui pense encore ne pas positionner en haut de l’échelle de la reconnaissance statutaire celles et ceux qui à l’a tête des communautés hospitalières s’engagent jour après jour pour réattirer les professionnels nécessaires à produire les soins nécessaires à garantir un système hospitalier viable et accessible ?

Ce sont évidemment les directeurs d’hôpital qui organisent la réponse à la piteuse menace de black-out de la part des cliniques privées dans 3 semaines. Ce sont eux qui au-delà de leurs missions récurrentes pour maintenir une offre de soins pendant l’été sont investis depuis des mois pour que l’accueil hospitalier pendant les Jeux Olympiques se passe bien.

Le SMPS a maintenu depuis le début des travaux sa ligne de conduite de toujours rester présent à la table des négociations tout en restant ferme et constructif, et ce pour tous les corps de direction.

L’annonce en janvier 2023 par les cabinets ministériels d’un véritable aggiornamento du statut des Directeurs de la FPH avait été accueillie, rappelons-le, avec une satisfaction prudente. Elle apparaissait comme une réponse favorable aux demandes répétées d’enfin parvenir à la mise en œuvre d’un véritable Ségur des Directeurs et de revalorisations pour tous les corps de direction de la FPH, le tout dans le contexte post-crise sanitaire que nous connaissons tous.

Le temps tourne ! Les signes manquent Le doute s’installe. Le spectre du rendez-vous manqué pour les DH apparaît chaque semaine de plus en plus présent.

Les débats sur l’accès aux emplois supérieurs, leur classement, ou la place de nos sujétions pour nécessité absolue de service ou encore notre futur régime indemnitaire ; soit autant de sujets centraux et dont le traitement parfois frôlant la polémique sont symptomatiques de ces impasses incompréhensibles ù nous sommes encore à ce jour.

Ainsi, tout ce qui apparaît comme clair et limpide au niveau de la FPE semble progressivement devenir flou dès qu’il est question de la FPH.

Et nous sommes ainsi bien en peine d’apporter des éclaircissements à l’ensemble des collègues qui attendent depuis des mois, voire des années, ces avancées. Les mêmes qui font le constat d’une fonction publique hospitalière qui décroche par rapport à leurs homologues de l’Etat.

Demain tous administrateurs de l’Etat ?
D’aucuns y pensent pour mettre fin à ce sentiment d’abandon et de reconnaissance
Demain plus d’attrait du concours DH et plus d’organisation adaptée de l’offre de soins aux quatre coins du territoire ?
Les constats maintes fois établis au sein de ces instances arrivent tous à la même conclusion : notre corps ne peut décemment pas se permettre une telle absence de perspectives favorables et de visibilité au regard de sa situation démographique et de la perte de notre attractivité.
Les pouvoirs publics doivent le comprendre.