Le syndicat de tous les manageurs de santé
Actualités

Instance collégiale des Directeurs d’Hôpital du 16 mars 2022

Déclaration Liminaire du SMPS:
Les problèmes de fond du corps des DH ne seront pas résolus sans décisions fortes, courageuses et ambitieuses pour améliorer nos perspectives de carrière et nos conditions d’exercice.  

16 mars 2022  

L’instance collégiale des DH nous ramène à des sujets ancillaires, très éloignés de la guerre qui sévit et qui affecte dans leur chair les habitants et les hospitaliers en Ukraine. Elle se réunit ce jour avec encore une fois un très faible nombre de postes.

Ce fractionnement en un nombre très important de mouvements et rassemblant peu d’opportunités est désormais la tendance, même si les directeurs ne s’y retrouvent pas.

L’on pourrait se féliciter, en effet, de ces publications à répétition, qui démontreraient en une certaine dynamique dans le renouvellement des chefferies et des postes à hautes responsabilités et qui devraient logiquement réduire les délais des prises de fonctions. Pourtant, cet argument porte peu et nombreux sont les collègues qui restent plus préoccupés par les impasses de carrière où ils se trouvent ou vont se trouver, par la mise en œuvre du couperet sur les emplois fonctionnels, que ne pouvait évidemment pas aider le nouveau calendrier de publications.

C’est la raison pour laquelle le SMPS a demandé le bilan annuel des conditions dans lesquelles les directeurs vont être sommés de quitter leur emploi, quel que soit leur niveau de réussite sur le poste occupé et sans proposition alternative.

Dès le deuxième semestre 2022, 10 ans après un élargissement légitime du nombre d’emplois fonctionnels, témoignant à la fois de la reconnaissance de l’Etat pour l’exercice de hautes responsabilités mais aussi en franchissant des caps budgétaires reflétant l’engagement des directeurs dans la restructuration de l’offre hospitalière, des chefs d’établissement pourront se voir opposer la « péremption » de leur poste sur emploi fonctionnel. Et ceci est préoccupant pour le SMPS.

Les trajectoires individuelles sont multiples et il est difficile de faire une généralité sur les raisons qui peuvent amener un directeur à rester en poste de nombreuses années. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que rien ne peut vraiment l’encourager à ne pas le faire, si les circonstances lui sont favorables localement et le service rendu à l’hôpital qu’il ou elle dirige est bon.

Non, rien.

Ni un mécanisme promotionnel comme à d’autres moments de la carrière ou dans d’autres métiers, ni une offre de diversité des parcours en inter-fonction publique qui, à ce jour, ne repose que sur des initiatives individuelles, ni une vision scandée de sa trajectoire professionnelle en lui permettant d’accéder régulièrement à des formations de haut niveau ou des sphères d’accompagnement pour donner un nouveau rebond à sa carrière.

En cela le SMPS veut dire que l’ouverture récente de groupes de travail sur l’accompagnement et la GPMC des directeurs ne suffit pas et que le manque d’ambition de l’Etat pour les directeurs d’hôpital est aveuglant à ce jour alors qu’ils sont depuis toujours les fidèles porteurs des politiques de santé

Dans le cadre des processus de nomination sur les chefferies d’établissement, le SMPS souhaite aussi dénoncer le manque de respect porté aux candidats malheureux, à qui aucune explication n’est donnée ni par l’autorité de recrutement (les ARS) ni par celle de nomination (le CNG), malgré elle, suspendue à l’absence d’explication de la première.

Il en est de même pour les CHU, dont la dernière liste ne comporte d’ailleurs, et c’est ce qui est grave, qu’un seul nom de directrice, sur 29 candidats au départ. Une injure à la supposée quête de la parité !

Il n’est en effet pas acceptable qu’aucune réelle motivation ne soit avancée une fois le choix réalisé. Dans un processus de recrutement et de ressources humaines, l’échec fait partie du jeu. Mais ne pas donner lieu à un échange a posteriori avec les professionnels concernés entache, comme l’a déjà dénoncé le SMPS, de nombreuses décisions du sceau de la « combinazione » et désespère les candidats qui ont investi temps et méthode pour envisager ces mobilités.

Le SMPS demande donc à nouveau au CNG d’exiger de la part des ARS des compte-rendus précis des raisons justifiant les choix des lauréats, à partager avec les candidats et les représentants des directeurs.

De façon plus large, le SMPS demande que soient reprises les réunions du « groupe contact ARS-CNG-directeurs » qui doit pouvoir se pencher à nouveau sur toutes les questions laissées en suspens dans ce cadre et ainsi contribuer à un dialogue constant que l’Etat doit aux directeurs pleinement engagés sur le terrain.

Faute de réelles décisions fortes, courageuses et ambitieuses pour améliorer nos perspectives de carrière et nos conditions d’exercice, le fonctionnement de l’Instance Collégiale ne corrige aucun des problèmes de fond et n’est relayé par aucun dispositif valorisant pour les directeurs.

A ce sujet, les directeurs attendent encore à cette heure la liste des collègues admis au CHESP, pour lesquels ils ont produit un bel enthousiasme en candidatant en nombre important.

Ceci démontre encore, s’il était nécessaire, le besoin de ressourcement professionnel des directeurs d’hôpital, qui tentent de s’extirper de la crise sanitaire mais aussi de contrer les retours de nouveaux moments difficiles, que ce soit dans l’inconnu budgétaire post COVID ou pour ceux qui tentent déjà de faire un 36ème round de la supposée crise de gouvernance; au motif, par exemple, qu’en 6 vagues de COVID les directeurs n’auraient -oups !- pas eu le temps de mettre en œuvre la charte de gouvernance et l’auraient bien entendu fait à dessein…

Car l’absence de véritable pilotage des parcours et des compétences demeure un problème majeur pour l’avenir du métier de Directeur d’Hôpital. On ne peut ainsi qu’être sidéré de constater à quel point l’État reste mutique quand il s’agit de répondre aux appels à l’aide de ses responsables publics hospitaliers, dont l’investissement quotidien permet de tenir à bout de bras des institutions exsangues après 24 mois de crise sanitaire et dont les conditions d’exercice étaient déjà rentrées, bien avant mars 2020, dans un mode dégradé perpétuel.

Enfin, au titre des les attentes légitimes des directeurs concernés par notre instance collégiale, nous sommes contraints de relever l’espoir déçu d’une actualisation de emplois fonctionnels, par refus pur et simple de révision d’un schéma erroné dès son édition et pour lequel l’Etat n’a pas voulu reconnaître sa faute. Cette situation délétère est confortée cette année encore par la publication des emplois fonctionnels sans concertation. La seule réunion consentie par la DGOS sur le sujet a montré à la fois les erreurs manifestes d’appréciation sur nos missions, les enjeux territoriaux et de gestion, et a douché toute perspective de rénovation du dispositif.

Le SMPS dénonce cette vision de courte vue et la myopie dont souffre l’État en ne voyant pas la spécificité de nos conditions d’exercice.

Aucun de ces sujets n’est neuf, mais plus l’État attend pour les traiter plus ce qui faisait l’attractivité de nos métiers se réduit à mesure que le désarroi s’accroît pour des collègues en perte de sens.

Et en parallèle de ces travaux statutaires que nous ne cessons de demander, que nous propose notre Ministère de tutelle ?


L’arlésienne de la fusion des corps de DH et de D3S : Vieille antienne visant à faire de nous des profils interchangeables à merci, miroir déformant des Administrateurs de l’Etat, sans reconnaissance des singularités de nos conditions d’exercice entre les secteurs sanitaire, social et médico-social ?
 
Peu de réponses aux questions posées par l’impact du Ségur sur nos modèles tarifaires ; et en se souvenant qu’il n’y a pas eu de Ségur pour les Directeurs d’hôpital !  

La Loi Rist, véritable coup de poignard dans le dos, qui affecte directement notre exercice quotidien en nous rendant désormais responsables des pénuries médicales face à des tutelles refusant d’assumer leurs propres responsabilités ;
 
Et la mise en œuvre prochaine par voie d’ordonnance du nouveau régime de responsabilité financière des gestionnaires publics qui, combiné à la Loi Rist, fait de la responsabilité financière sur leurs deniers personnels la variable de validation du bon manager pour les chefs d’établissement. L’ensemble de ces mesures et atermoiements viennent sabrer un peu plus l’attractivité d’un corps des Directeurs d’Hôpital qui n’a définitivement pas besoin de ça mais également la motivation de collègues qui en ressentent directement les effets.

Et alors que l’actualité internationale, puis électorale, éclipse, souvent à juste titre concédons-le, l’actualité sanitaire, la situation sur le terrain, elle, n’évolue pas pour des établissements déjà en grande difficulté.
Nos métiers méritent plus qu’une série de chantiers successifs, inaboutis, voire laissés totalement à l’abandon. Voilà pourquoi la réaction attendue de l’État est qu’il soit à la hauteur des enjeux et de l’engagement des directeurs.

L’hôpital a besoin de nous pour assurer ses missions de service public et le SMPS veillera à être présent pour défendre l’ensemble de ses Manageurs dans leurs missions et dans leurs conditions d’exercice. Ainsi, il n’est pas trop tard pour que les pouvoirs publics entendent ce diagnostic et change sa vision trop peu généreuse de nos métiers.


Le SMPS porte la vision des directeurs et des cadres hospitaliers, fidèle aux valeurs d’un service public de santé tourné vers l’avenir