Instance collégiale DH du 21 novembre 2024:
Les recherches se poursuivent mais l’espoir s’amenuise
Déclaration liminaire du SMPS
Un peu comme lors de la mobilisation d’une équipe dépêchée sur un théâtre de catastrophe dont les hospitaliers sont souvent les premiers acteurs, les Directeurs d’hôpital dont l’Instance collégiale se réunit ce jour, sont à le recherche d’infimes preuves non pas de vie -mais de survie ! – d’un système qu’ils portent à bout de bras avec les communautés de leurs établissements. Et L’année 2024 se termine, malheureusement comme elle a commencé douchant tous nos espoirs.
Et commençons, une fois n’est pas coutume, par nos sujets statutaires, qui, sans faire injure à une actualité hospitalière et pour notre système de santé, demandent l’attention renouvelée de tous ceux qui le soutiennent. Il faut lire ce qui nous est infligé comme un signe inquiétant d’une persistance, d’une myopie et d’une mémoire sélective de l’État quant à l’appréciation de notre rôle dans le concours aux missions confiées par les pouvoirs publics.
Nos espoirs sur un alignement de notre statut avec celui des Administrateurs de l’État, sont aujourd’hui durablement éteints. Malgré les nombreuses heures passées à négocier avec les ministères de tutelle, malgré les interminables phases d’arbitrage interministériel, malgré la rédaction des décrets relatifs à l’indiciaire, les Directeurs d’hôpital ne sont toujours pas alignés sur le statut des administrateurs de l’État.
On se prend désormais à ne pas l’interpréter comme une simple inversion de priorités sur un agenda gouvernemental et administratif mais plutôt comme le triomphe d’une vision tronquée et délétère de notre exercice, trop souvent mal connu par une administration d’État qui ne s’y aventure guère au-delà des cercles parisiens. La même qui ne veut pas voir notre interaction permanente avec les territoires et avec ses propres représentant, le tout au service désintéressé des politiques publiques en matière de santé. La même toujours qui refuse de voir ce qui a été réalisé en 20 ans de crises successives pour, malgré tout, faire tenir un des piliers du contrat social national.
Notons que pendant ce temps, l’Etat ne s’est pas oublié. Il faut noter que la réforme de la Haute Fonction Publique dans la seule sphère de l’État et pour la seule partie rémunération indiciaire des Administrateurs de l’État mise en œuvre au 1er janvier 2022 est estimée par la Cour des comptes à environ 10 millions d’euros. Pendant que les directeurs de la FPH géraient la crise COVID, les Administrateurs de l’État négociaient un virage historique, peut-être légitime, d’un poids non négligeable tout en maintenant la FPH, surnommée « le tiers État de la Fonction Publique », dans la position de la dernière à être valorisée dans tous ses emplois non soignants, bien à distance de la reconnaissance due.
Dans le contexte du bruit négatif venu du ministère de la Fonction publique sur l’absentéisme supposé aggravé des agents et sur une bureaucratie soi-disant à expertiser, y compris à l’aune d’expériences dangereuses prônées Outre Atlantique, cette situation apparaît comme une nouvelle marque défiance de l’État à l’égard de ses serviteurs. Et ce n’est pas acceptable.
Heureusement, comme nous l’avons déjà exprimé, les Directeurs d’hôpital, eux, ne se dérobent pas à leurs missions. Malgré les difficultés que nous rencontrons au quotidien entre pénurie de professionnels, contraintes budgétaires croissantes, pression des élus, nous répondons présents. Nous avons conscience de nos responsabilités vis-à-vis de nos concitoyens, qu’ils soient usagers du système de santé ou contribuables.
Nous sommes prêts à relever le défi de la réduction de la dette publique, nous l’avons dit. Oui, le SMPS demande plus d’État dans son rôle de régulateur, de stratège, et demande plus d’autonomie pour nos établissements, notamment en matière d’organisation territoriale.
Mais là encore, la méthode d’élaboration du PLFSS, le tangage suscité par les mesures annoncées puis retirées ou encore l’effroi de nouveaux plans d’économies à conduire dans des établissements encore en proie avec une attractivité inégale inquiètent. Et c’est sans compter les messages contradictoires sur la planification hospitalière dans un maquis réglementaire, sur des dossiers comme la réforme des autorisations ou la permanence des soins, où les textes se contredisent, où les intérêts « métier » de quelques-uns confisquent une vision d’ensemble. Dans ce maelstrom, le bateau hospitalier tangue et ses premiers skippers que nous sommes ont du mal à retrouver le flux des alizés.
Nous trouvons encore quelques tous petits signes favorables. Dans cette période automnale peu propice au réjouissement, quelques actualités viennent renforcer notre détermination à porter des sujets qui nous semblent fondamentaux. Celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en fait partie. Que cette thématique, soutenue de longue date par notre syndicat, soit reprise dans un rapport remis au Gouvernement est un très bon signal envoyé. Que ces thématiques puissent être intégrées aux critères évalués par la HAS nous semble primordial pour que ces enjeux se diffusent – enfin ! au sein des équipes managériales. Le CNG s’est lui aussi saisi de cette question, le SMPS agira à ses côtés dans la défense des collègues en difficulté.
Le SMPS note l’ouverture de la ministre pour faire du GHT le tremplin vers une vision enfin plus large de l’action territoriale coordonnée et que les Directeurs d’hôpital sont en capacité de conduire aux côtés des gouvernance médicales et de l’Etat. Que Madame la ministre ait clôturé les journées consacrées aux GHT à Lille par l’annonce de l’écriture d’un nouveau chapitre pour ces GHT va pleinement dans le sens des revendications que nous portons. Les DH, qu’ils exercent en CHU ou en CH, sont prêts à co-écrire ce nouveau chapitre et surtout à le faire vivre au quotidien. Néanmoins, cela se fera-t-il sans le signe d’une reconnaissance statutaire ? N’oublions pas qu’il n’y a pas d’amour sans preuve d’amour…
Pour en revenir à cette session qui nous rassemble aujourd’hui, elle n’est malheureusement que la répétition des sessions précédentes ; une sous-représentation de nos collègues féminines dans les candidatures et un fort attrait pour les établissements des métropoles. Comment toutefois ne pas s’en étonner quand on connait nos conditions d’exercice, le peu de soutien que nous recevons trop souvent de nos tutelles pour gérer des situations difficiles pourtant connues de tous ?
Le SMPS ne croit pas aux miracles, mais fait confiance à l’action de terrain pour démontrer une fois de plus à la fois la capacité de résilience, d’efficacité et de clarté de l’action que mènent douloureusement mais courageusement les DH dans cette océan d’indifférence et de méconnaissance d’une grande partie hélas de l’Etat.