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Absentéisme dans la fonction publique :des règles identiques, mais des contreparties équivalentes.

Dans le cadre de l’élaboration du budget pour 2025, le Gouvernement a annoncé vouloir lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique à travers un rapprochement des règles d’indemnisation des arrêts maladie entre les secteurs public et privé. Ces mesures concerneraient :
– Le passage du nombre de jours de carence avant indemnisation de 1 à 3 jours ;
– La réduction de l’indemnisation journalière pour maladie ordinaire de 100 à 90% au cours des 3 premiers mois, puis à 50% au-delà.

Près de 1,2Md d’euros d’économies sont attendues de ces mesures qui s’inscrivent dans le recherche de réduction de la dépense publique. Le SMPS partage la volonté affichée de chercher toutes les pistes d’économies face à la dégradation des comptes publics. La situation exige des efforts collectifs, y compris de la part du secteur public.

Cependant, il est regrettable de constater que cette approche conduise une nouvelle fois à la réouverture du débat sur l’absentéisme dans la fonction publique par le seul prisme des arrêts maladies et d’une comparaison avec le secteur privé qui a démontré ses limites. Celui-ci ne s’accompagne malheureusement pas des constats nécessaires sur la situation que traverse la fonction publique, ses spécificités et ses contraintes propres, a fortiori en ce qui concerne la fonction publique hospitalière.

Il convient ainsi de rappeler que, selon le dernier rapport annuel sur l’état de la fonction publique de la DGAFP, les absences pour raison de santé sont en diminution dans la fonction publique, et particulièrement au sein de la FPH. La diversité des emplois au sein de cette même fonction publique rend de surcroît toute comparaison inopérante au regard de leur pénibilité, de leur intensité ou des responsabilités que ceux-ci impliquent. Enfin, avec près de 78% de femmes dans ses effectifs, la FPH est la fonction publique la plus féminisée, ce qui doit être pris en compte s’agissant des arrêts liés à la maternité. Ces quelques éléments montrent que la comparaison entre public et privé n’est pertinente que si elle repose sur des éléments de comparaison tangibles et non sur des statistiques extraites de leur contexte.

Ces éléments de comparaison sont connus : près de 70% des entreprises du secteur privé prennent en charge les jours de carence et le déploiement des dispositifs de protection sociale complémentaire assure une meilleure compensation des pertes de revenus. A terme, avec ces mesures, l’essentiel du secteur privé offrirait une meilleure couverture sociale que la fonction publique. Dans un contexte où la FPH peine encore à se relever des conséquences de la crise sanitaire sur l’attractivité de ses métiers, une telle annonce n’est pas de nature à nous rassurer.

Par ailleurs, les manageurs de santé seront eux-mêmes directement concernés par cette mesure. Or, qui peut raisonnablement prétendre qu’ils sont plus absents que leurs collègues du secteur privé quand on connaît l’engagement des cadres et des directeurs de la FPH ?

Les manageurs de santé sont les premiers à considérer qu’il est primordial de lutter contre les abus de l’absentéisme, dans l’intérêt de nos établissements et du service public hospitalier. Mais cela doit avant tout passer par des mesures de prévention de l’usure professionnelle, d’amélioration de la qualité de vie au travail et d’alignement de la FPH sur les autres Fonctions publiques en ce qui concerne le déploiement de la protection sociale complémentaire, dont la mise en place est encore repoussée. Si à l’avenir les règles doivent être les mêmes pour tous, il semble naturel que les contreparties suivent le même principe d’équité.

Le SMPS suivra avec attention la suite des débats à ce sujet au regard des conséquences concrètes qu’il aura pour les manageurs de santé et leurs équipes.