CAPN des Directeurs d’hôpital du 24 septembre 2024 – Déclaration liminaire du SMPS
Après plus de deux mois de tractations, d’atermoiements et de doutes, nous disposons enfin de ce qui était encore quasiment inespéré il y a quelques semaines : un Gouvernement de plein exercice.
La séquence politique que nous avons collectivement traversée est une preuve supplémentaire que la perception du temps est avant tout personnelle et relative. Et que celui-ci semble s’étirer indéfiniment dès que nous sommes dans l’attente.
Il est en effet difficile pour de nombreux collègues Directeurs de cacher une certaine impatience, teintée d’agacement et d’amertume, après ces presque quatre mois de flottement institutionnel. Or, comme disait Bergson, le temps est invention ou il n’est rien du tout.
Le SMPS avait évidemment fait la part des choses. Le contexte d’incertitude dans lequel nous a plongé la dissolution et les élections qui s’en sont suivies n’imposaient pas de délaisser nos demandes, nos attentes et les travaux statutaires en cours, notamment ceux relatifs à l’’intégration des corps de direction de la FPH à la réforme de la haute fonction publique.
Il n’en reste qu’il s’agit d’autant de temps précieux perdu pour le dialogue social et pour nos métiers dans une période où nous ne pouvons-nous permettre un tel luxe. C’est également autant qui est mis au passif de notre attractivité en berne, la dernière session du concours pourra sans doute une fois encore en témoigner.
Mais admettons l’espace d’un instant que cette nomination gouvernementale soit le bout du tunnel ; Qu’il s’agisse même du retour tant attendu à une forme de stabilité institutionnelle pour notre système de santé et pour les hospitaliers. Dès lors, que peut-on attendre ?
Au-delà des discours convenus sur l’attachement au service public, rien ne laisse malheureusement présager à travers les signaux envoyés depuis plusieurs semaines que l’hôpital sera mis au rang des priorités.
Au contraire, on sent déjà poindre dans les propos des pouvoirs publics l’ère des “efforts nécessaires en une période exceptionnelle” ; oubliant au passage de rappeler que les hospitaliers furent aux premiers rangs des mesures d’ajustements budgétaires pendant plus d’une décennie. Et si les avancées permises par le Ségur de la Santé n’ont été qu’un juste rattrapage pour l’ensemble des professionnels, il convient de rappeler que ceux-ci n’ont toujours pas fait l’objet de mesures de compensations.
Ainsi, la volonté affichée de “sanctuariser” les budgets alloués au secteur de la santé semble à première vue légitime. Mais. Un budget sanctifié conserve l’existant et n’évolue pas alors que dans le même temps les besoins ne cessent de croître. Il est automatiquement synonyme de plans de retours à l’équilibre. Or ce dont les hôpitaux ont besoin aujourd’hui n’est pas d’être sanctifié, mais au contraire revivifié et transformé pour enfin aller de l’avant. Et Il en va de même pour les Directeurs.
Les engagements pris depuis début 2023 en faveur des corps de direction de la FPH doivent donc aujourd’hui être tenus et les travaux statutaires qui en ont découlé doivent aller à leur terme, sans doute que cet allongement du calendrier aurait pu être évité sans les tentatives de buzz. Pour le SMPS il en va de la juste reconnaissance des Directeurs, de leurs compétences, de leurs responsabilités et surtout de leur engagement pour le service public.
Chaque mois qui passe à retarder l’intégration pleine et entière des Directeurs d’hôpital dans la réforme de la haute fonction publique et leur alignement sur le statut des Administrateurs de l’État accroît le décalage entre nos métiers et la Fonction publique d’État. Elle vient renforcer chez de nombreux collègues le sentiment d’appartenir à une fonction publique déclassée, non considérée.
Rappelons si c’est nécessaire que la suspension de ces travaux est venue clore un processus de négociations difficiles où il est apparu une fois encore que le développement de “l’inter-fonction publique” et la modernisation défendus par les pouvoirs publics n’était pour beaucoup que purement théorique.
Chaque groupe de travail pendant près de 18 mois a pu par ailleurs confirmer si nous en doutions encore le manque de visibilité des DH et le manque de connaissance sur notre quotidien de la part de nos interlocuteurs. Sans doute sommes-nous encore trop discrets trop allégéants, voire trop sages pour mettre en lumière nos réalisations, surtout quand celles-ci participent directement au bon fonctionnement du service public.
Mais ces mois de travaux n’auront donc pas été inutiles : Ils auront confirmé pour le SMPS que ce qui avait pu être considéré comme de la méconnaissance ne pourra plus être toléré à l’avenir. Il convient donc en cette période de relance institutionnelle de rappeler que le SMPS demeurera fidèle à ses principes vis-à-vis des pouvoirs publics : la fermeté, l’exigence et le maintien d’un dialogue constant.
A contrario, celles et ceux qui préfèreront les postures faciles et les coups de menton n’y gagneront rien. Pire, ils risquent une fois encore de conduire à des manœuvres dilatoires et à un nouvel échec collectif. Les DH ne peuvent pas se le permettre et attendent une juste reconnaissance à travers un dialogue social renouvelé basé sur la confiance.
Le SMPS ne manquera donc pas à ses responsabilités et demande la reprise la plus rapide possible des travaux en cours et leur achèvement d’ici la fin de l’année 2024. Nous terminerons donc, une fois n’est pas coutume, en citant Jean Jaurès : « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir. »